DYSGRAPHIE

C’est Juan de Ajuriaguerra qui a le premier donné une définition de la dysgraphie.

« L’enfant dysgraphique est celui « chez qui la qualité de l’écriture est déficiente alors qu’aucun déficit neurologique ou intellectuel n’explique cette différence ».

Pour diagnostiquer la dysgraphie il a mis au point une échelle de dysgraphie. Cette échelle détaille les caractéristiques graphiques de l’enfant âgé de 6 à 12 ans selon les différents stades de développement graphomoteur. Elle permet d’établir un âge graphomoteur.

Depuis, d’autres ont essayé de mieux définir ce trouble, les définitions sont nombreuses mais il n’y a pas de consensus scientifique parfaitement défini sur la définition de la dysgraphie, ni sur son origine, ni sur la façon d’y remédier.

Il est souvent le symptôme d’autres troubles. C’est sans doute pourquoi la dysgraphie est absente des classifications internationales (DSM IV et V et CIM 10): Classification internationale des maladies /Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

Données statistiques

  • La dysgraphie toucherait 5 à 20% des enfants normalement scolarisés
  • Elle toucherait 3 garçons pour 1 fille
  • Elle touche autant les gauchers que les droitiers

TYPOLOGIE DES DYSGRAPHIES selon De Ajuriaguerra

C’est Juan de Ajuriaguerra qui a tenté le premier de répertorier les différents types de dysgraphies qu’il a classifiées en 5 catégories. Cette classification ainsi que l’échelle permettant de diagnostiquer une dysgraphie est remplacée aujourd’hui par le BHK. Un nouvel outil diagnostic est en train d’être mis au point, il s’agit d’une tablette et d’un stylet permettant une caractérisation plus fine des troubles de l’écriture.

Les raides :

  • un aspect anguleux très caractéristique
  • une forte pression dans l’écriture visible : foulage, angulation des arcades, saccades, verticales inclinées à droite, lettres étrécies, tracé régulier, espace inter-lettres et inter-mots serré.

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Les molles :

  • La tension est faible, les formes sont peu précises, les tracés peu précis, irréguliers, avec des zones mal différenciées , une mauvaise gestion de la ligne, des variations d’inclinaison.

 

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Les impulsives :

  • Une écriture qui manque de contrôle (volontaire ou involontaire), rapide (trop rapide) précipitée de mauvaise qualité, parfois saccadée, avec des finales lancées, accents et ponctuation faits dans la continuité, beaucoup d’ irrégularités.

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 Les maladroites :

Cette écriture se caractérise par des difficultés grapho-motrices massives, une écriture très irrégulière, à la fois grosse et petite, un trait de mauvaise qualité (tension irrégulière), de nombreuses soudures, une mauvaise tenue de ligne, une mauvaise gestion de l’espace feuille, des espaces irréguliers, de multiples retouches.

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 Les lents et précis :

C’est la dysgraphie la plus difficile à diagnostiquer, car qui penserait qu’un enfant qui a une jolie écriture puisse être en difficulté ? La dysgraphie lente et précise se caractérise par une écriture très belle ou d’aspect calligraphique, une lenteur importante, une absence de mouvement, un attachement à la forme quelque peu pathologique, un souci de la mise en page

Le test BHK : des résultats étalonnés selon la courbe de Gauss

Le BHK ou Echelle d’évaluation rapide de l’écriture est un test élaboré par R.Soppelsa et J-M. Albaret en 2004 pour la version consacrée à l’enfant, et 2013 pour la version permettant de détecter la dysgraphie pour les collégiens. Il a été conçu par les auteurs en s’inspirant des échelles D et E de Ajuriaguerra en sélectionnant les critères les plus pertinents.

Le test consiste à recopier pendant cinq minutes, sur une feuille blanche de format A4, un texte. Il permet d’évaluer la vitesse (nombres de caractères écrits en cinq minutes) et la qualité de l’écriture mesurée par 13 critères chez l’enfant :

1: L’écriture grande

2: L’inclinaison de la marge vers la droite

3: Les lignes non planes

4: Les mots serrés

5: L’écriture chaotique

6: Les liens interrompus entre les lettres

7: Les télescopages

8: La variation de hauteur des lettres troncs

9: La hauteur relative incorrecte des différentes sortes de lettres

10: La distorsion des lettres

11: Les formes de lettres ambiguës

12: Les lettres retouchées

13: La mauvaise trace écrite, les hésitations et tremblements

et seulement 9 critères pour le BHF-Ado

1 : La variation de hauteur des lettres troncs

2 : La hauteur relative des lettres troncs et des lettres avec hampe et/ou jambage

3: Les télescopages

4: Les lettres ambiguës

5: Les lettres majuscules à l’intérieur des mots

6: Le parallélisme des lignes

7: La stabilité des mots

8: La stabilité des «a»

9: La stabilité des «t »

A l’issue du test on obtient un score de vitesse et de qualité (notes brutes) qui seront ensuite converties en résultats étalonnés grâce à des tableaux de cotations. Ces résultats peuvent s’exprimer en notes standards (N.S), en déviations standards (D.S) ou encore en percentiles. Il s’agit de normes internationales communes à de nombreux tests.

Les notations permettent de situer un résultat (courbe de Gauss) comme :

  • supérieur à la moyenne d’âge de l’enfant
  • conforme aux performances attendues
  • légèrement en deçà des performances attendues (dysgraphie)
  • très en deçà des performances attendues (dysgraphie)

Graphique réalisé par Élodie Lemoine, psychomotricienne D.E (assocalliope.fr)

Thomas Gargot, pédopsychiatre à la Pitié-Salpêtrière de Paris constate que « Cette méthode de diagnostic consiste à analyser un texte seulement après qu’il a été écrit, ce qui ne permet pas d’évaluer la qualité du tracé au fil de sa réalisation. La dimension dynamique est donc complètement absente. Il existe aussi une certaine variabilité ­entre les personnes qui cotent ce qui rend le test assez subjectif »

Un nouvel outil diagnostic : la tablette TEGAMI

Thomas Gargot a rejoint le laboratoire d’ergonomie éducative (Chili Lab) de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) cherchant à mettre au point un test plus performant que celui du BHK.

Appelé Tegami, le test est mené à l’aide d’une tablette numérique tactile et offre un énorme avantage

  • en termes de précision d’analyse et d’informations grâce à la prise en compte de plus de 53 paramètres différents et à des données enregistrées jusqu’à 200 fois par seconde durant le test. Ces critères comprennent notamment l’inclinaison du stylo, son degré de pression sur la tablette, la vitesse générale d’écriture et ses variations au fil du texte, la présence de tremblements et leur fréquence ou encore quels caractères ou gestes sont les plus discriminatifs
  • En terme de processus dynamique : grâce à l’enregistrement, Tégami voit aussi l’inscription dans le temps du geste d’écriture en train de se faire.

Ce programme ouvre donc une nouvelle voie en matière de classification des différentes formes de dysgraphies

Les scientifiques étudient un autre programme (CoWriter) qui consiste à utiliser un robot qui aide l’enfant à améliorer ses compétences et son estime de soi en lui demandant de lui apprendre à écrire.

Sans attendre le robot, vous savez qu’il existe un réseau de graphopédagogues capable de venir en aide aux personnes en difficulté d’écriture 😊

En savoir plus : https://actu.epfl.ch/news/un-outil-pour-analyser-les-problemes-d-ecriture-2/