L’ÉCRITURE EN MIROIR

L’écriture spéculaire plus communément appelée écriture en miroir questionne souvent les parents et les enseignants.

On s’accorde à dire que l’écriture en miroir n’est pas un dysfonctionnement mais une étape normale du développement de l’enfant. Elle n’est donc pas l’indice d’un trouble. Il est à noter que c’est surtout les capitales d’imprimerie et les chiffres qui sont concernés par ce problème.

Les lettres les plus sujettes à inversion sont le J et e Z, c’est le 3 pour les chiffres.

De nombreuses recherches ont été menées sur le sujet mais aucune,  à ma connaissance, n’a pris en compte trois facteurs essentiels à mon avis :

• La main des enfants testés était-elle prête à manier le crayon ?
• Savaient-ils tenir correctement un crayon ?
• De quelle manière les enfants avaient-t-il appris à « écrire » ?

Pourquoi certains enfants écrivent-ils en miroir ?

• Entre 4 et 6 ans, le processus de latéralisation n’est pas encore achevé, la question de l’orientation gauche-droite est loin d’être maîtrisée, il faut laisser du temps et consolider ces notions.
• L’influence du contexte. On a observé également des facteurs contextuels : si on écrit successivement C et 3 ou C et D, un fort pourcentage d’enfants va écrire le second caractère en miroir (phénomène d’amorçage). Lorsqu’il n’y a pas la place à droite nombreux sont les enfants qui écrivent spontanément leur prénom en miroir (au moins en partie). C’est le cas lorsqu’ils commencent à écrire en milieu de page ou à droite, les contraintes spatiales les conduisent alors à écrire de droite à gauche.
• La théorie du « recyclage neuronal » (Dehaene-2007) met en cause le système visuel. Lorsqu’une forme est détectée, son image en miroir est automatiquement créée de façon symétrique (par les neurones inférotemporaux). Cette étape est appelée « phase de généralisation ». L’enfant doit donc déconstruire cette généralisation et c’est vers 5-6 ans qu’il est capable d’effectuer ce « désapprentissage de la généralisation en miroir » mais sans qu’on sache vraiment comment le cerveau procède. C’est là que le geste graphique joue un rôle important « Il suffirait, en effet, que l’enfant « ait consolidé, dans sa mémoire motrice, le geste moteur produisant ce caractère. » (Revue Française de Pédagogie- juin 2011)

Comment aider les élèves à passer l’étape « écriture en miroir » ?

• Afin que le geste moteur soit encodé correctement dans la mémoire motrice, il est nécessaire que les élèves soient prêts au niveau des habiletés motrices (tonicité, dissociation des doigts, flexion/extension du pouce) ainsi qu’au niveau de la posture, de la tenue de crayon et de la mobilité des doigts.
• Il est important également de proposer d’autres modalités sensorielles comme le proposait Maria Montessori : lettres /chiffres rugueux, gestes moteurs effectués en l’air, tracés au sol.
• Il ne faut pas apprendre aux élèves à reproduire des modèles visuels des chiffres et des  lettres (dessin de la lettre), mais veiller à l’apprentissage concomitant de leurs lecture et écriture, en contexte.
• On ne dira que l’enfant sait écrire que lorsqu’il sera capable de faire le lien entre le geste, le son  et le sens

Pour aller plus loin :

Laurence Pierson et moi-même avons publié 2 cahiers destinés à l’apprentissage des capitales d’imprimerie et des chiffres.

                   

Se former à l’enseignement de l’écriture en  suivant une formation pour enseignants

Jean-Paul Fischer, « Nouveaux éclairages sur l’écriture en miroir des enfants de l’école maternelle », Revue française de pédagogie, 175 | 2011, 99-112.

Stanislas Dehaene , Les neurones de la lecture. Paris : Odile Jacob. (2007).