GRAPHISME

On a longtemps pensé que les exercices de graphisme préparaient à l’écriture cursive . On situe l’apparition de ce type d’exercices à l’école maternelle, autour des années 1930. Les éditeurs proposent depuis quantités de fichiers prêts à l’emploi : Il s’agit de reproduire des formes, des lignes, des motifs, la plupart du temps insérées dans des dessins. L’enfant est clairement dans une activité de dessin et non d’écriture.

Les travaux du prix Nobel R. Sperry démontrent que le cerveau sait différencier les signes graphiques qui composent le langage écrit des autres types de graphismes – dessins, images – et qu’il ne leur applique pas le même mode de traitement. Dans toutes les langues, le cerveau traite de manière différente le dessin et les mots.

Les dessins sont traités par l’hémisphère droit qui est analogique et intuitif : il est spécialisé dans le traitement de la forme et de l’information graphique non-lexique : images, dessins, idéogrammes, qu’il perçoit globalement, le cerveau gauche les traduit en concepts ou en langage (oral et écrit)

     cdn-images

Il aura fallu attendre 2015 pour qu’il soit clairement fait la distinction entre graphisme et écriture  dans les programmes scolaires : « Le graphisme et l’écriture sont des activités différentes tout en ayant un point commun : elles sont de nature grapho-motrice. Ces activités peuvent éventuellement être présentes en même temps dans les productions des élèves. Elles mettent en œuvre la perception et la motricité mais avec une intention et une façon de faire différentes, ce qui les rend proches sans que jamais elles ne soient confondues. » in documents d’accompagnement des programmes Eduscol graphisme-et-écriture

Ces deux activités ont en effet des points communs : elles nécessitent toutes les deux une bonne tenue de l’outil scripteur donc une motricité fine suffisamment développée. Elles se font sur un support papier et requièrent donc également d’être réalisées dans une posture similaire (appuis, déplacements). Enfin, certains graphismes préparent directement au geste d’écriture : la boucle, la pointe le rond et le pont en particulier mais ils sont en nombre très limité. D’autres graphismes peuvent aussi préparer à l’écriture des capitales d’imprimerie (les traits horizontaux, verticaux, les zig-zags, les ronds)

Vous trouverez des idées de graphisme sur le site de Zaubette : http://www.zaubette.fr/ecrire-et-tracer-en-maternelle-c24581622

A retenir :

Le graphisme et l’écriture sont deux activités différentes tout en ayant des points communs Leurs intentions sont différentes et des traitement cognitifs aussi.

Le graphisme peut se faire en grand format (mouvement du bras) et en petit format (mouvement des doigts). L’écriture est exclusivement réalisée par des mouvements des doigts (petits formats)

S’il est établi que le graphisme ne prépare pas à l’écriture cursive, il faut savoir reconnaître les exercices de graphisme utiles à l’écriture de ceux qui sont purement décoratifs. De cette façon , l’enseignant ne se trompe pas d’objectif.

Il existe malheureusement beaucoup d’activités contre-productives comme par exemple :

  • Proposer aux élèves de repasser sur des pointillés : il n’y a aucune dynamique gestuelle, au contraire, l’exercice aura tendance à ralentir le geste

  • Proposer de repasser à l’intérieur d’un rail grand modèle avec un crayon: la plupart du temps la trajectoire est mal suivie, le format de la lettre va induire un geste du bras tandis que l’écriture nécessite seulement un mouvement des doigts.

  • Proposer des lignes continues de graphismes , sans interruption du geste : ce type d’exercice est très fatiguant car il nécessite à la fois la maîtrise du tracé et celle du déplacement. Il est souvent exécuté avec une torsion du poignet ou de l’avant-bras au lieu d’un mouvement des doigts et d’un mouvement de translation. Il vaudra mieux proposer des séries de 3 ou 4 gestes graphiques espacées (comme on le ferait pour des mots)

  • Proposer des lettres en plusieurs morceaux assemblés, avec l’idée que les lettres sont constituées de formes combinées (par exemple l’association d’un trait d’attaque, d’un rond et d’une canne permettent de former le a). La lettre a doit être tracé d’un seul trait. De même que la lettre m n’est pas une succession de 3 cannes, ni même 3 ponts